DEFINITION DE SCENE(S) DE REFERENCE

 

 

Par rapport à l’ensemble de ces données « socioculturelles », les travaux d’Iribarne (2008) pourront selon nous apporter une grande aide au psychologue étranger qui exercera dans une culture différente de la sienne, et permettront den synthétiser ces informations autour d’une problématique précise.

La définition de la scène de référence de la culture dans laquelle le psychologue étranger travaillera lui permettra d’approcher l’« empreinte culturelle » de la société dans laquelle il évoluera et pourra lui apporter des repères sur l’organisation des relations, les voies de salut et de péril, et quelques problématiques spécifiques qui auront une influence sur chaque individu de cette culture.

Aussi, nous souhaitons rappeler ici que contrairement à l’approche culturaliste, la scène de référence telle qu’Iribarne l’a définie n’est pas déterministe et « [donnera] toute sa place à l’autonomie des acteurs sans méconnaître pour autant ce qui relève d’une continuité culturelle » .

Dans cette situation, l’un des travaux du psychologue-chercheur pourra alors de restituer le patient entre la scène de salut et la scène de péril, ou d’aider le patient à se positionner entre ces deux pôles, d’accepter de se rapprocher des conceptions traditionnelles, ou au contraire de s’en détacher. Il s’agit ici, selon nous, d’une approche qui peut aider le psychologue étranger à trouver un positionnement plus juste avec ses patients, en se démarquant des automatismes de sa culture d’origine, et favorisant le décentrage pour mieux prendre en compte les réalités culturelles.

L’intérêt de l’utilisation de la scène de référence pour le clinicien est enfin particulièrement bien illustré par rapport au ressenti de Ortigues (1993).

« Quelle que soit la société envisagée, un individu, une personne, ne se réduit pas à être le produit « typique » de cette société. La société, comme la famille, fournit à chacun les matériaux et les repères pour se construire dans sa singularité. Contrairement aux sociologues, les cliniciens ont à faire à des personnes, chacune unique par son histoire et par ce qu’elle fait dans sa vie. La tradition dont elle est issue ne peut que fournir un cadre permettant de situer ses comportements et expressions, mais non de les décoder. En outre, nous ne savons pas à quelle distance des traditions se situent ou tentent de se situer ceux qui nous parlent. Certains s’accrochent à leurs traditions (...) d’autres se veulent dégagés (...) ; la plupart tâtonnent, oscillent et sont déchirés »

 

Références:

Iribarne (d’), P. (2008). Penser la diversité du monde. Paris : Seuil.

Ortigues, M.C. (1993). Repères culturels et positions personnelles dans les entretiens avec les émigrés africains. In Rey-von-Allmen (Eds) Psychologie clinique et interrogations culturelles. Paris : L’Harmattan.